La vie du mort

Raconter sa vie n’est pas toujours simple; je crois du moins, moi qui ne connais pas autre chose. J’ai constamment eu à le faire, avec des intervenants de toutes venues, que ce soi du domaine de la psychologie ou de la psychiatrie. Car mon comportement apportait son lot de questionnements.

Moi qui ne connais que peu de choses à l’intimité, je répondais volontiers à ces gens prêts à me donner un temps soi peu d’attention. Je la cherchais, oui, j’admets aujourd’hui, mais pas de mes pairs.

Ils auraient dû s’inquiéter de tout ce que je ne leur disais pas, plutôt que le reste. J’ai réussi à cacher cette double vie, avec un peu trop de facilité.  Forcez de constater que je ne l’aurais pas voulu autrement, mais parfois je me dis que j’aurais aimé qu’ils voient tout ce que j’étais et qu’on ait autre chose à discuter que des enfantillages, des banalités. Cela aurait été bien.

Je ne regrette pas ma vie ni mes actes. J’ai incessamment été à part des autres et m’en suis jamais plain, jusqu’à ces jours, où elle pèse désormais un poids trop lourd. À l’heure de refermer ces livres; qu’est-ce que je retiens ? Seul certes, mais avoir eu plus de personnes importantes dans mon existence, aurait été un baume sur cette vie, cachée dans les ténèbres de la grotte, dans laquelle j’ai enfermé la bête.

Cette bête qui m’a forcé à créer ce chevalier, droit et juste, qui au fil du temps à scinder mon âme en deux. Me laissant que les deux opposés. Blanc ou noir, jamais gris, ainsi fut le choix inconscient.

Quelquefois, même souvent dernièrement, il me vient l’envie de relâcher la bête, pour voir si j’ai eu raison il y a si longtemps; de m’accabler tant de mal, pour des gens qui ne le sauront jamais, tout ce que j’ai enduré pour eux. Des merci, qui ne viendront pas. Je crèverais esseulé dans mon silence.

Et dans ma tombe, la bête dormira.

Jack Asmo Tous Droits Réservés

Le temps #7

Le temps se déroule tel une pierre se laisse porter par la pente tombante. Fuyant vers demain et la continuité, de sa propre existence; sait-il qu’il existe des jours, des mois et que nous les nommons ? Je ne crois pas qu’il s’ennuie avec de telles formalités. Mais en même temps, chaque journée est comme une nouvelle née, qui a sa forme propre et unique.

Nous pauvres fous tentons de le définir, lui l’indéfinissable, l’innommable. Lui qui va depuis toujours et qui sera bien après nous, dans cette persistance, qui s’exerce bien malgré tout.

C’est fantastique de savoir que nous finirons et qu’un demeurera comme gardien, s’assurant que se maintienne ce qui le doit et que s’achèvent les choses et les vies, pour ne pas nuire au futur d’un univers.

D’un lieu des millions de fois plus grand, que nous petits-êtres. D’une immensité si belle et non-contraignante, d’un calme si doux. La nuit nous permet d’en constater qu’une infime partie, néanmoins suffisante pour apaiser le penseur.

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Sale

Une accalmie au cœur de la tyrannie. Cette putain de vie, donc nous devrions être reconnaissant qu’elle nous laisse parfois en paix.

Mais moi, je te le dis et redis, soi maudite. De toute ton injustice tu as créé l’homme, ce fauve, qui crache sur sa mère et se vomit dessus. Comment veux-tu que celui qui voit et ressent trop ce monde, soi en mesure d’y vivre ?

Toujours des surprises qui viennent gruger l’âme du perdu. Mais foutez-moi la paix! À jamais sur cette route désertique, je subis les autres humains plus durement à la négative, j’aimerais qu’il en soi des douleurs positives plus souvent. Dans cette prison d’où frappent le temps et les misères.

Cette prison est toujours, bien que je le voudrai autrement. Ces oiseaux sont encore hors de porter. Je voudrais être avec eux. La liberté, la grâce, la vivacité, le vole. Si bien.

J’ai scié ces barreaux, pourquoi sont-ils encore présent en mon esprit ?

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Moment

Le froid toujours présent en cette fin mars deux mille quinze et une neige bien ancrée. La chaleur reviendra, certes que tardive cette année. Plus froide que la normale, plus froide que dans le reste de ce pays; nous y avons goûté et avons survécu.

Le printemps reviendra en avril, mois de ma naissance, période fade normalement; car le symbole résolu d’une autre année de perdue. Peut-être qu’après tout ce froid, l’appréciation de ce mois sera meilleure.

Le temps va, il se passe même au cœur du néant, je n’y ai jamais échappé. Mais j’aime croire que dans la lumière il se perpétue plus rapidement et de ce fait pèse un peu moins sur moi. Dans l’avancement viennent aussi les distractions.

Moment de pensées au milieu de cette persistance.

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La mesure de la démesure

Dans la mesure du juste, cours toujours étroitement la démesure. Ainsi l’un comme l’autre cherchent à prendre la plus grande place en l’être. C’est cette tacite qui cause du tort aux êtres logiques, qui ne voient là qu’un autre illogisme en l’humain. Qui puissent en eux toutes leurs ressources, jusqu’à épuisement totale, pour tenter d’élucidé l’incohérence de ce qui ne peut pas être compris; car il n’y a tout simplement rien à comprendre. Les deux sont voués à persister, c’est ça le raisonnement. L’un sans l’autre et l’homme n’existe pas sous cette forme. L’homme est destiné à se répéter, car sans ce qui le définie, il n’est pas.

Ensuite, une fois analysé, je ne suis pas obligé de l’accepter. Je ne me soumettrez-pas à ce paradoxe. Même si au fond et certainement c’est moi aussi, cette contradiction. Nul être n’est plus scindé, mais de ces opposés en moi, vient le concis. Dommage qu’il n’en soi pas pareil pour tous.

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