Raconter sa vie n’est pas toujours simple; je crois du moins, moi qui ne connais pas autre chose. J’ai constamment eu à le faire, avec des intervenants de toutes venues, que ce soi du domaine de la psychologie ou de la psychiatrie. Car mon comportement apportait son lot de questionnements.
Moi qui ne connais que peu de choses à l’intimité, je répondais volontiers à ces gens prêts à me donner un temps soi peu d’attention. Je la cherchais, oui, j’admets aujourd’hui, mais pas de mes pairs.
Ils auraient dû s’inquiéter de tout ce que je ne leur disais pas, plutôt que le reste. J’ai réussi à cacher cette double vie, avec un peu trop de facilité. Forcez de constater que je ne l’aurais pas voulu autrement, mais parfois je me dis que j’aurais aimé qu’ils voient tout ce que j’étais et qu’on ait autre chose à discuter que des enfantillages, des banalités. Cela aurait été bien.
Je ne regrette pas ma vie ni mes actes. J’ai incessamment été à part des autres et m’en suis jamais plain, jusqu’à ces jours, où elle pèse désormais un poids trop lourd. À l’heure de refermer ces livres; qu’est-ce que je retiens ? Seul certes, mais avoir eu plus de personnes importantes dans mon existence, aurait été un baume sur cette vie, cachée dans les ténèbres de la grotte, dans laquelle j’ai enfermé la bête.
Cette bête qui m’a forcé à créer ce chevalier, droit et juste, qui au fil du temps à scinder mon âme en deux. Me laissant que les deux opposés. Blanc ou noir, jamais gris, ainsi fut le choix inconscient.
Quelquefois, même souvent dernièrement, il me vient l’envie de relâcher la bête, pour voir si j’ai eu raison il y a si longtemps; de m’accabler tant de mal, pour des gens qui ne le sauront jamais, tout ce que j’ai enduré pour eux. Des merci, qui ne viendront pas. Je crèverais esseulé dans mon silence.
Et dans ma tombe, la bête dormira.
Jack Asmo Tous Droits Réservés